Il serait amusant de retrouver et rassembler les dessins d'enfants
de céramistes : les diverses activités qu'impliquent le processus long
de la poterie offrent une belle diversité de sujets pour les dessinateurs
en herbe. Voici trois exemples retrouvés dans les archives familiales.
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Aude de Vinck, Kraainem, vers 1975, cuisson.
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Le moment de la cuisson du four à bois, qui durait 12h (sans compter le pré-chauffage), était évidemment un moment fort : toute la famille se retrouvait autour du four pour pique-niquer à l'heure des repas.
On reconnaît des détails de l'atelier : les tabourets en bois, les néons. Le four lui-même est réduit aux parties importantes durant la cuisson : l'alandier d'où sortent des flammes par la fente supérieure qui servait pour le "Grand feu" : Antoine de Vinck s'apprête d'ailleurs à y insérer un long morceau de bois ; la cheminée très haute, qui en réalité était invisible puisque elle se trouvait du côté extérieur du mur ; la poulie qui servait à monter ou descendre le registre permettant de régler le tirage (et jouer sur l'oxydation ou sur la réduction), normalement placée entre le four et la cheminée. On peut être surpris par l'omission de la chambre de cuisson, mais, en y réfléchissant, c'est justement l'angle mort de la cuisson, le laboratoire secret où tout se passe à l'abri des regards, sauf à jeter un regard bref et prudent sur la fournaise par l’œilleton à l'arrière du four (à travers un verre fumé).
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Aude de Vinck, Kraainem, vers 1978, défournement.
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Ce laboratoire à la forme typique de ruche, conçu par Antoine de Vinck à partir de briques de réemploi, on le trouve dans toute son ampleur dans un dessin plus tardif représentant l'étape du défournement. On y distingue bien par l'ouverture l'échafaudage de plaques de cuisson supportant les pièces petites et grandes (on reconnaît un "bétyle", des "chefs", diverses poteries ; les très petites pièces sont sans doute les perles réalisées par Alice de Vinck). Le four est couronné de "montres" en porcelaine, témoins des cuissons passées. Ces cônes de pâtes fondant à des températures différentes permettent au potier d'évaluer la température atteinte dans le four : on les place à l'intérieur en face d'un œilleton et lorsqu'on approche - souvent avec difficultés - des 1280°C requis, on guette leur effondrement successif signalant que la température est atteinte. À gauche, on aperçoit un bout du four électrique qui sert au biscuitage mais aussi à la cuisson de certaines pièces, et le long de celui-ci une étagère avec le matériel d'enfournement (piliers).
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Le four à bois pendant une cuisson, vers 1970
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Les cuissons étaient souvent suivies de près par une exposition, en galerie ou à la maison même.
C'est ce que représente le dessin suivant sur lequel les nombreux spots éclairent un "miroir d'âme", des vases de sol avec leurs bouquets secs et plus bas des vases et bols.
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Aude de Vinck, Kraainem, vers 1974, exposition. |